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Les Champions les plus inattendus : Victoires de dernière minute

Thursday, 15 October 2020 07:39 GMT

Avant l’affrontement final pour le titre WorldSBK entre Jonathan Rea et Scott Redding, revenons sur les moments où le challenger s’est adjugé le titre à la place du favori...

La manche finale du Championnat MOTUL FIM World Superbike se terminera par le sacre certain d’un des deux leaders du Championnat, Jonathan Rea (Kawasaki Racing Team WorldSBK) ou Scott Redding (ARUBA.IT Racing - Ducati), qui accuse un retard de 59 points et devra remporter les trois course du Round Pirelli d’Estoril dans l’espoir d’arracher la couronne mondiale au terme du week-end.
 
Le rookie britannique est parvenu à résister à la première balle de match du quintuple Champion du Monde à Magny-Cours en collaboration avec son coéquipier Chaz Davies, mais quelles sont les chances pour Redding de renverser la vapeur au point d’être titré à la place Rea ? Le pilote Nord-Irlandais ayant annoncé qu’il ne ferait pas de dirtbike avant le dernier round de l’année, tout désastre d’une blessure hors circuit est évité pour Rea et Redding devra se débrouiller pour le battre à la loyale jusqu’au bout.
 
Cela a été prouvé dans le passé, même les plus grands noms peuvent partir à la faute et perdre gros. Cela s’est passé en MotoGP™, lors de l’affrontement final entre Valentino Rossi et Nicky Hayden en 2006. Le pilote américain comptait huit points de retard sur son rival italien mais c’est lui qui a terminé Champion du Monde MotoGP™ après la chute de Rossi au cinquième tour, tout seul, son unique erreur de la saison…C’est à ce moment qu’a commencé la légende du Kentucky Kid qui reste encore aujourd’hui dans les mémoires.
 
Croire en ses propres possibilités est un facteur crucial, comme l'a démontré Sylvain Guintoli lors de la finale du WorldSBK en 2014. Le Français, au guidon d'une Aprilia, est arrivé au circuit de Losail à 12 points de Tom Sykes, qui officiait pour Kawasaki. Lors de la première course, il a réduit à trois points l'écart avec le Britannique, qui terminait troisième. Au terme de la dernière course, Guintoli a remporté une autre victoire retentissante qui a permis de renverser la situation : Il décrochait, avec six points d'avance, un titre qui, quelques semaines plus tôt, semblait destiné à un autre ; Sykes était de nouveau troisième et, entre les deux, un certain Jonathan Rea, qui concluait son aventure avec Honda en offrant ce petit cadeau à celui dont il serait le coéquipier pendant les quatre prochaines années.
 
Mais combien l'ont déjà fait dans le cadre du WorldSBK ? Redding peut voir les statistiques comme un verre à moitié plein ou à moitié vide : Dans la plus haute catégorie du paddock, le pilote qui a atteint le dernier round de l’année en étant désavantagé a remporté le titre six fois. Celui de 2014 est le dernier, et les 12 points récupérés par Guintoli représentent également la plus grosse remontée dans une manche finale.
 
En ce millénaire, seuls deux autres pilotes sont revenus en tête de classement au dernier moment. En 2009, le Texan Ben Spies a pris la piste en Algarve avec 10 points de moins que Noriyuki Haga, et est sorti vainqueur avec une avance de six points au Championnat. En 2004, James Toseland a remporté le titre à Magny-Cours en arrivant de l’étape d'Imola avec un déficit de quatre points sur Regis Laconi. Le Britannique a fini par remporter le Championnat avec un écart de neuf points.
 
Les deux premières campagnes du WorldSBK, en 1988 et 1989, ont elles aussi vu sacrer un Champion de dernière minute : Fred Merkel. L'Américain est arrivé au dernier round du calendrier de l'édition inaugurale, à Manfeild, avec 3,5 points de moins que Fabrizio Pirovano, mais il est parvenu à décrocher la couronne mondiale et inaugurer le Championnat. Il remporte son deuxième titre l'année suivante, et revient également à la charge lors de la dernière manche avec trois points de moins que le Belge Stéphane Mertens, qu'il finissait par battre de sept points, toujours sur la piste néo-zélandaise.
 
Sur un total de quatre titres mondiaux, Carl Fogarty a dû combler l’écart lors du dernier rendez-vous du calendrier une seule fois. C'était en 1998, et à deux reprises, puisque Troy Corser (de six points) et Aaron Slight (de 5.5 points) le devançaient en termes de points au départ d’Assen. Un doublé phénoménal de Fogarty à Sugo a permis d'équilibrer la situation et de lui offrir son avant-dernier titre avec quatre points d'avance.
 
Parfois, la régularité suffit. Le Championnat du Monde Supersport en 2001 a été particulièrement remarquable à cet égard. Andrew Pitt débuté le dernier week-end de course, à Imola, avec 11 points de moins que Paolo Casoli, qui avait gagné la course précédente à Assen. Cependant, l'Italien a chuté durant la dernière course et Pitt a remporté le titre avec une avance de deux points... sans avoir gagné une seule course au cours de l'année, mais récoltant tout de même un remarquable total de podium.
 
Et parfois, ce n'est pas suffisant... Toujours dans la même catégorie, cinq ans plus tard, un autre duel remarquable, et un autre Champion de dernière minute. L'Australien Kevin Curtain (Yamaha) menait le Championnat 2006 de 18 sur Sébastien Charpentier, les chances du Français sur la Honda Ten Kate étaient donc minimes. Il avait besoin que Curtain parte à la faute dans la dernière course, à Magny-Cours... et c'est ce qui s'est passé 15 minutes après le départ. Pour Curtain, le rideau est tombé soudainement et les neuf podiums qu'il avait enregistré tout au long de l'année ne lui ont servi à rien, puisque le titre lui échappait de sept points.
 
Rien n'est jamais acquis. Au sein du Ducati Junior Team, Tati Mercado a atteint la dernière manche de la Coupe FIM Superstock 1000 2016, sur le circuit de Jerez, avec sept points d'avance sur son grand rival, Raffaele De Rosa, qui roulait pour BMW. Il avait une certaine marge pour gérer la situation, mais le jour de la course, la moto de l'Argentin a eu une défaillance mécanique et s'est arrêtée dans le tour de reconnaissance. Il n'y avait aucun moyen de redémarrer la Panigale R et de l'amener sur la grille, et le duel s'est terminé avant même de commencer. Au grand désespoir de Mercado, le titre est revenu à De Rosa, qui avait besoin de terminer cinquième pour être couronné Champion.
 
Redding peut-il inscrire son nom sur la liste des pilotes devenus Champions de dernière minute ? Avec sa détermination et le fait qu'en 2020, il s'est déjà approché du triplé lors de l’épreuve de Jerez, pourquoi pas ? Mais il doit réaliser son meilleur rendez-vous de toute la saison et surtout, que Rea flanche. Mais personne n'a jamais comblé un écart comme celui-là et personne n'a battu Rea en étant derrière lui au classement lors de la dernière manche. Malgré tout, ne manquez pas l’épreuve finale. Car si tout se passait comme prévu, on n’en parlerait pas...
 
Retrouvez le Round Pirelli d’Estoril qui clôture la saison 2020 en souscrivant au VidéoPass WorldSBK.